Commerce électronique : gestion de la TVA et des douanes par un dépôt extracommunautaire
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Le 3 août 2020, l’administration fiscale a étendu la non-imposition de la TVA aux livraisons de biens en ligne qui, après exportation, utilisent un entrepôt fiscal dans un pays tiers pour le stockage et revendent les produits à des consommateurs privés par le biais d’un portail de commerce électronique.
Il s’agit d’une nouveauté importante, née de la réponse à la question n° 238 du 3 août 2020 fournie par l’Agence des revenus (AdE), qui étend à ces opérations l’application du régime de non-imposition prévu par l’art. 8 du décret présidentiel n° 633/1972 en les considérant comme des prestations destinées à l’exportation. Il fournit des conseils opérationnels utiles sur la manière de mettre en place son propre commerce électronique en utilisant des plateformes en ligne et leurs dépôts à l’étranger, même si les acheteurs (privés) ne sont pas encore connus au moment de l’exportation à la douane.
La vente en ligne et les avantages de l’entrepôt à l’étranger
Le cas analysé est celui typique d’une entreprise qui commercialise des produits (par exemple des intégrateurs) par l’intermédiaire d’une plateforme en ligne, qui permet à des entreprises internationales de vendre leurs produits par « commerce électronique » – généralement dans un magasin – à des consommateurs privés dans un pays tiers.
Imaginez une stratégie très courante qui consiste à ne pas mettre immédiatement les marchandises sur le marché extracommunautaire pour la consommation, mais à utiliser un entrepôt fiscal pour garder les marchandises « à l’étranger » en attendant d’être vendues.
Ce n’est qu’au moment de la vente sur le portail de commerce électronique que les marchandises sont extraites de l’entrepôt fiscal et livrées/expédiées à l’acheteur sur le site qui les a achetées, avec des avantages importants pour le vendeur italien :
- la marchandise reste sa propriété jusqu’à ce qu’elle soit vendue au client privé ;
- lorsque la commande est passée sur le portail de commerce électronique, les marchandises sont vendues au client privé et l’encaissement du prix de vente est crédité sur la plate-forme en ligne ;
- les marchandises sont dédouanées par la société qui gère l’entrepôt fiscal, dans le pays tiers, uniquement lorsqu’elles quittent l’entrepôt pour être livrées au consommateur privé.
Comment gérer l’exportation au niveau des douanes
Une solution logistique efficace exige tout d’abord que lorsque les marchandises quittent l’entrepôt italien, les produits soient accompagnés d’une facture pro-forma ou d’une liste de valeur, apte à marquer une exportation définitive uniquement à partir du point de douane. Cela permet d’accomplir les formalités douanières d’exportation et de délivrer la déclaration en douane (appelée cautionnement douanier), qui doit ensuite être vérifiée en trouvant le « visa de sortie » correspondant sur le portail en ligne de l’Agence des douanes à des fins fiscales.
Dans ce document, les marchandises doivent être évaluées à leur valeur de vente présumée, à définir conformément aux articles 70 et suivants du Code des douanes de l’Union (CDU – Règl. (UE) 952/2013), qui correspond au prix qui sera facturé pour la vente des produits (par exemple, les suppléments).
La solution TVA proposée par l’Agence des revenus (AdE)
En termes fiscaux, selon la question n° 238 du 3 août 2020, l’opération doit être décomposée en deux moments distincts : dans la première phase de l’expédition à l’étranger des biens, il s’agit d’une simple exportation « en monnaie libre » dans laquelle manque l’un des éléments caractérisant les « livraisons à l’exportation », visés à l’article 8 du décret sur la TVA (décret présidentiel n° 633 du 26 octobre 1972), à savoir le transfert du droit de propriété des biens eux-mêmes, ne formant donc pas un plafond.
La deuxième phase, dans laquelle la vente de biens matériels est effectuée sur le portail en ligne et ceux-ci sont livrés au client, est configurée – selon l’avis récent de l’AdE – comme un commerce électronique indirect dans lequel la stipulation et la conclusion du contrat de vente ont lieu en ligne, comme le paiement de la contrepartie, tandis que la livraison des biens a lieu « physiquement », c’est-à-dire par des moyens ordinaires.
Aux fins de la TVA, les opérations indirectes de commerce électronique, qui sont similaires aux ventes par correspondance, sont exemptées de l’obligation d’émettre une facture, si le client ne la demande pas, et d’une attestation fiscale alternative (reçu ou quittance). Le produit de la vente doit toutefois être inscrit au registre prévu à l’article 24 du décret sur la TVA.
Comme le précise la même réponse n° 238 du 3 août de l’Agence, ce n’est qu’avec le retrait ultérieur des biens produits de l’entrepôt pour la livraison au client étranger que l’achat et la vente seront donc effectués et que les exigences en matière de TVA seront satisfaites, en encadrant l’opération comme une livraison à l’exportation non imposable conformément à l’article 8, paragraphe 1, lettre a), du décret sur la TVA, en tant qu’exception à l’extraterritorialité prévue par l’article 7-bis du décret présidentiel 633/1972.
Comment prouver le lien entre l’exportation douanière et la vente ultérieure à partir de l’entrepôt hors UE
En ce qui concerne la preuve (dont la charge incombe au contribuable) que l’opération, dès son origine et dans la représentation documentaire correspondante, a été conçue en vue du transfert et de la cession définitifs des biens à l’étranger, l’Agence elle-même indique que cela peut être prouvé au moyen des preuves suivantes :
- inscription dans un registre spécial des expéditions de marchandises à l’étranger (voir l’article 39 du décret sur la TVA) où sont inscrits, pour chaque inscription, les détails du document douanier d’exportation (c’est-à-dire le cautionnement douanier) ;
- l’indication sur la facture de vente, émise au moment de la livraison des marchandises à l’acheteur, de l’inscription correspondante dans le registre concernant les mêmes produits, comme mentionné ci-dessus.
Une stratégie fiscale et douanière
Il est donc essentiel de produire une documentation douanière qui soit alignée sur les opérations de vente ultérieures au consommateur final et gérée correctement, tant en termes de valorisation à des fins douanières que d’identification et de classification des marchandises. En outre, grâce à une gestion appropriée de l’origine préférentielle, également en vertu des récents accords de libre-échange stipulés par l’UE, il est possible d’obtenir une réduction potentielle, voire une vente à « droit zéro », sur les produits une fois qu’ils ont été extraits de l’entrepôt fiscal du site de commerce électronique dans le pays tiers.
Dans un scénario changeant et en constante évolution, une stratégie douanière à l’exportation est donc indispensable pour les entreprises qui veulent approcher les marchés étrangers dans le domaine du commerce électronique et des places de marché.